(photos extraites du site du NY Times)
Pour ceux d'entre vous qui lisent l'anglais, je ne saurais trop vous recommander ce long article dans le magazine du dimanche du New York Times.
Il est signé d'Andrea Elliott, lauréate d'un prix Pulitzer en 2007 pour une série de reportages sur un imam de New York.
"The djihadist next door" que je traduis, de façon sans doute un peu approximative, par "mon voisin le terroriste" ou "mon voisin le djihadiste", retrace l'itinéraire d'un gamin américain ordinaire, devenu aujourd'hui l'un des chefs des Shebabs, la redoutable milice islamiste de Somalie.
Omar Hammami est le fils d'un immigrant syrien et d'une américaine de confession baptiste. il a grandi à Daphne, Alabama, petite ville nichée au coeur de la "Bible belt", dans cette Amérique croyante, chrétienne, conservatrice. A 15 ans, il était une sorte d'idole dans son lycée, il sortait avec la plus belle fille de sa classe et il rêvait de devenir chirurgien.
Omar était un jeune américain comme les autres. Tiraillé entre la foi chrétienne de sa mère, et celle, musulmane, de son père. Sa famille maternelle lui expliquait que s'il n'était pas chrétien, il irait en enfer.Et quand, de temps en temps, il allait en Syrie rendre visite à sa famille paternelle, on lui expliquait que seule la foi musulmane le tiendrait éloigné de l'enfer.
La suite? Des rencontres, pendant l'adolescence, avec des musulmans convertis, des salafistes. A l'université d'Alabama, une plongée dans le radicalisme. Puis le Canada, où il épouse une jeune femme d'origine somalienne qu'il persuade de se voiler. L'Egypte, les réseaux, et enfin la Somalie, où il débarque fin 2006, avant qu'une intervention éthiopienne ne déloge les islamistes du pouvoir.
Depuis, Abu Mansoor Al-Amriki est devenu l'un des personnages-clé du mouvement des Shebabs. C'est lui, souvent, qui enregistre les messages vidéo publiés par les sites islamistes.
Forcément. Il parle anglais, il sait se servir d'un ordinateur. Et il est citoyen des Etats-Unis.
Des gens comme Omar sont le cauchemar des services de renseignements américains. Les "domestic terrorists", des jeunes gens qui sont nés ou qui ont grandi sur le sol américain, et qui, pour des raisons diverses, se sont tournés vers l'Islam radical et violent. Au cours de ces deux dernières années, une vingtaine de jeunes somali-américains ont disparu de la région de Minneapolis, où se trouve une grande partie de la communauté somalienne des Etats-Unis. On a retrouvé leur trace là bas, en Somalie, plusieurs sont morts au combat. L'un d'entre eux, Shirwa Ahmed, est même devenu en octobre 2008 le premier Américain à commettre un attentat suicide.
Il y a quelques semaines, cinq étudiants américains ont été arrêtés au Pakistan. Issus de familles musulmanes, ils avaient quitté Alexandria, dans la banlieue de Washington, pour tenter de rejoindre l'insurrection anti-américaine en Afghanistan.
La grande crainte, ici, évidemment, ce serait que des Américains partent s'entraîner en Somalie,au Yemen, au Pakistan ou ailleurs, et reviennent ici, aux Etats-Unis, pour y mener des actions terroristes. Le détenteur d'un passeport des Etats-Unis d'Amérique est évidemment moins facile à surveiller qu'un ressortissant étranger.
Et ces affaires posent une autre question. Qu'est ce qui peut pousser de jeunes Américains, issus de l'immigration récente, à se dresser ainsi contre leur pays? Dans le cas des somaliens, la tragique ironie c'est que leurs parents ont fui Mogadiscio, au péril de leur propre vie, pour offrir d'autres perspectives à leurs enfants...qui se retournent désormais contre eux.
Mais c'est sans doute une autre histoire.
Il n'y a aucun élément dans ces archives.
1 Comments
J'ai toujours été choqué par le comportement de quelques jeunes Somaliens à travers le monde. Leurs parents ont été sauvés par beaucoup de pays occidentaux. Beaucoup parcouraient des Km pour avoir de l'eau à boire. Malheureusement l'humanisme de certains pays va bientÔt tourner au Cauchemar.
C'est ce genre de comportements qui entraine souvent du racisme et une crainte des immigrants surtout ceux de confession Musulmane.
En tant qu'Africain je suis tout simplement choqué.