Ca avait pourtant plutôt bien commencé.
Départ de Washington, mercredi à la mi journée. Je n'ai pas encore fermé la portière du taxi qui m'emmène à l'aéroport que le chauffeur éthiopien, qui ne sait ni où je vais ni ce que je vais faire, m'entreprend sur la mort de Michael Jackson. Le meilleur, le plus talentueux, une perte immense, me dit il. Lorsque je lui raconte que je suis justement en partance pour la Californie, pour aller voir comment se passe l'hommage des fans prévu vendredi à Neverland, il est tellement bouleversé qu'il en oublie de mettre son compteur en marche... "C'est Dieu qui te permet d'aller là bas, me dit-il, tu es bénie".
Soit.
Un coup de fil à une consoeur qui est déjà sur place, et j'apprends que la route qui mène à Neverland est sinueuse et étroite, et que, comble de malheur, le téléphone portable NE PASSE PAS.
Ca, c'est le cauchemar des journalistes. Et comment je vais vous raconter tout cela sur les antennes de RFI, moi, si je ne peux pas téléphoner?
Je monte dans l'avion la mort dans l'âme. En essayant de mettre au point un plan B, un plan C ou que sais-je encore....
Cinq heures et demi de vol plus tard -plus une heure de retard, pour faire bonne mesure- je débarque à l'aéroport de Los Angeles. Et là, tout a changé. Il n'y a plus d'obsèques à Neverland, plus d'exposition du corps, plus de cortège de voitures partant de Los Angeles, plus de carriole tirée par des chevaux qui emmènerait le corps de Michael Jackson, dans un cercueil de verre, vers sa dernière demeure.
C'est le plan A qui vient de tomber à l'eau, lamentablement.
Et moi qui avais réussi à dégoter la dernière chambre d'hôtelà cinquante kilomètres à la ronde.
Aéroport de Los Angeles, donc. Un grand moment de solitude, sur le trottoir, avec ma valise. Il faut prendre une décision. Et vite.
Ce sera Neverland, quand même, puisqu'il y a plein de fans rassemblés là bas. J'ai récupéré ma voiture de location, j'ai pris la route. C'est mon baptême de Californie, et je peux vous dire que cela fait quelque chose, de voir indiquées les sorties "Beverly Hills" ou "Sunset Boulevard"...
Après, c'était moins drôle. J'ai pris l'autoroute 101, celle qui monte vers San Francisco. Il faisait nuit noire. Je n'ai donc rien vu de Sante Barbara, j'ai deviné, sur la droite, tout au long du chemin, la masse sombre de l'Océan Pacifique. Trois heures plus tard, je découvre que la dernière chambre d'hôtel à cinquante kilomètres à la ronde est située dans un motel un peu glauque au bord de ladite autoroute. Je vais être bercée par le bruit des camions.
La dame du môtel, qui a affiché à la réception un petit papier avec l'itinéraire pour Neverland, m'a demandé d'un air contrit si je voulais quand même rester plusieurs nuits.
On verra bien. Demain, il fera jour.
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