Qui veut des détenus de Guantanamo?

Personne, justement. En tous cas pas aux Etats-Unis. A chaque fois que quelqu'un ose évoquer un lieu possible (prison, base militaire) où l'on pourrait mettre les détenus dont on ne sait que faire, cela donne lieu à une levée massive de boucliers....

Sauf....

 

Il existe, dans le Montana, au nord ouest des Etats-Unis, une petite ville, ou plutôt un gros village. Hardin. 3400 habitants. 

Je ne peux pas vous dire à quoi cela ressemble, je n'y suis jamais allée...Juste que c'est du côté de la frontière avec le Wyoming, le Dakota du Nord et le Dakota du Sud, et tout près de deux grandes réserves indiennes.

Bref. Pour essayer de relancer l'activité économique de la ville, il y a quelques années, Hardin a financé la construction d'une prison flambant neuve. 27 millions de dollars.

Le problème, c'est que personne n'y a jamais envoyé de prisonniers. Plus de 400 lits vides, des uniformes, du matériel de sécurité...Le bâtiment, qui avait été inauguré en grande pompe il y a deux ans, a licencié ses deux seuls employés en janvier.

Et voilà que maintenant, la crise économique est passée par là... Les magasins ferment, le chômage grimpe. Une prison vide, des chômeurs, des dettes... Pas vraiment riant, l'ambiance à Hardin, ces temps ci.

Alors, le conseil municipal s'est dit que peut-être, cette fermeture de Guantanamo, ce serait l'occasion de remplir la prison des "Deux rivières"...et de créer des emplois par la même occasion. De relancer l'économie, en somme. Il a voté une résolution. 

Et là, patatras. Les sénateurs du Montana et le congressman local ne trouvent pas, mais alors pas du tout, que ce soit une bonne idée.

Démocrates, les sénateurs, pourtant... Donc, on peut l'imaginer, tout à fait enthousiastes, lorsque Barack Obama a annoncé qu'il allait fermer Guantanamo. Mais pas enthousiastes, quand même, au point de vouloir les emprisonner près de chez leurs électeurs, qui s'en souviendront le moment venu...

C'est tout le paradoxe de la "liquidation" de l'héritage...Va pour les grands principes. Mais ça se complique sérieusement lorsqu'il s'agit de les mettre en application.

4 Comments

@ mamadou: je n'ai absolument pas entendu parler de cette rumeur à laquelle vous faites allusion.... et mon collègue de Dakar non plus.
@ Marie Angèle: ce serait évidemment la manière la plus simple... Mais se posent de multiples problèmes: celui du régime juridique des procès (voir les notes précédentes); celui du pays où renvoyer ceux qui sont libérables (et qui, pour beaucoup, ne souhaitent pas rentrer dans leurs pays d'origine, par peur de menaces ou de représailles)...
Ce dossier, nous aurons l'occasion d'en reparler énormément dans les mois à venir...

Bjr Donaig,
La question de Guatanamo,me semble très complexe, et je crois que sa fermeture ne peut se faire d'une façon immédiate. Pourquoi ne pas juger les prisoniers sur place,libérer les non coupables,les enovyer chacun chez soi et changer radicalement les méthodes de traitements , bref rendre
plus humaine ce milieu en attendant de voir ce que reserve l' avenir, peut-être les mentalités vont-elles changer et les pays accepteront enfin de les accueillir!

salu Donaig le du. je suis senegalais et je m'inquiete d'une rumeur qui fait par de l'intention du Senegal de recevoir certain detenus de Guantanamo. en avez vous des revelations pour nous? quel serait les enjeux d'une telle action dpour le pays? cette demarche ne pourrait-elle pas exposer le Senegal au terroristes? merci

Cher Donaig,

Merci du regard que tu poses sur la société américaine. La question des détenus de Guantanamo me semble sérieuse et je crains qu'elle n'entame la crédibilité du Président Obama. La complexité de la question est liée aussi à la complexité de la guerre contre le terrorisme et, je crois, à la perception américaine du terrorisme depuis les attentats du 11 septembre. Bush n'a pas laissé seulement des détenus, mais également un imaginaire collectif apeuré. Obama travaille-t-il sur ce 2e chantier pour libérer ses concitoyens de la peur et des fanstasmes du terrorisme?