Les enfants -je parle de certains de ma connaissance- qui attendaient avec impatience de voir apparaître un cas de grippe dans leur école, histoire d'avoir quelques jours de vacances supplémentaires, en seront pour leurs frais: le CDC, le centre américain de contrôle et de prévention des maladies a finalement décidé de revenir sur sa recommandation de fermer les écoles en cas de suspiscion de grippe. Et partout aux Etats Unis, les écoles qui avaient été fermées se préparent à rouvrir. Au grand soulagement des parents qui en étaient réduits à improviser des modes de garde alternatifs.

Loin de moi, évidemment, l'idée de vouloir ironiser sur ce qui aurait pu être une épidémie gravissime. Et j'ai, évidemment, beaucoup de compassion pour les victimes dans les pays les plus touchés, en premier lieu notre voisin mexicain.

Mais quand même. Un chiffre circule ici. La grippe "ordinaire", (pas très médical, comme terme, je sais, mais comment doit-on appeler la grippe qui frappe pendant la saison froide, celle qui vous cloue au lit pendant plusieurs jours?) tuerait environ 30.000 personnes par an, ici, aux Etats-Unis. Là, on en est à deux victimes, un bébé mexicain et une femme, qui souffrait de maladies chroniques et dont on n'est pas très sûr, finalement, que ce soit le virus qui l'ait tuée.

Moyennant quoi, il a fallu que je me prête à l'exercice du micro trottoir, pour aller demander, micro en main, à de parfaits inconnus, s'ils avaient peur (réponse, ben non, pourquoi?). Et je me suis retrouvée, quand même, à regarder de travers les gens qui toussaient ou éternuaient près de moi au supermarché. Il se trouve que la densité de pollen dans l'atmosphère ici est à son maximum, que beaucoup d'Américains souffrent de rhume des foins, et qu'en plus il refait froid après avoir fait très chaud. Suivez mon regard...

Dans la presse ici, on en sentirait presque comme un regret. Finalement ce n'est pas si grave que prévu, finalement on ne va pas tous mourir -enfin pas tout de suite. Mais attention, nous sommes prévenus. H1N1 va revenir à l'automne, et là, ça risque d'être épouvantable.

Il me souvient d'un autre reportage, au Niger cette fois, il y a quelques années. C'était au moment de l'apparition de la grippe aviaire, détectée chez des volailles près de la frontière avec le Nigéria. J'avais suivi une équipe des services vétérinaires pour des actions de formation sur la conduite à tenir en cas de morts suspectes chez des poules ou des pintades.

(Photo D Le Du/RFI) 

Débarquement d'un commando dans un village, en tenue blanche stérile, pour tordre le cou à de pauvres poulets qui n'avaient rien demandé. On se serait cru dans un film de science fiction. Ca valait le coup d'être vu, ne serait ce que pour l'air totalement médusé des gamins qui assistaient au spectacle.

Là bas, cette fois, le pire avait été évité. Attention, je ne dis pas qu'il faut remettre en cause le principe de précaution, je ne dis surtout pas qu'il ne fallait pas faire tout cela...Mais, je peux l'avouer maintenant qu'il y a prescription: on avait bien rigolé.

Bon. Attendons donc de voir. Lavons nous les mains régulièrement, couvrons nous la bouche quand nous éternuons ou quand nous toussons. Mesures de bon sens qu'il n'est jamais superflu de rappeler, même si ça fait un peu solennel quand c'est Barack Obama qui le dit, les yeux dans les yeux, à un pays tout entier.

En ce qui me concerne, je crois que je vais aller louer un film catastrophe. Vous savez, un de ceux où un horrible cataclysme menace la planète entière, mais où le héros et l'héroïne finissent par sauver le monde, et en prime se marient à la fin...