17 avr. 2009 - 18:03
Là haut, dans le plafond, juste au dessus. Tout un remue ménage. Des raclements, des cris étranges. Ce n’est pas humain, c’est déjà cela. Mais un animal non identifié qui vit bruyamment sa vie juste au dessus de ma tête.
Le lendemain matin, après une expédition dans le grenier, le cœur battant, avec une lampe de poche, force est de se rendre à l’évidence.
Rien.
Les bêtes sont dans le faux plafond, sous le toit, hors d’atteinte. (La géographie des lieux est quelque peu compliquée, mais pour faire simple, le grenier ne va pas jusqu’à la chambre, laquelle est bâtie dans une extension rajoutée à la maison bien après sa construction)
J’avais bien une petite idée, vite confortée par quelques recherches sur internet.
Ce qu’il y a dans le plafond, c’est ça.
(photo D Le Du/RFI)
Le raccoon, ou raton laveur d’Amérique du Nord, personnage important de la vie Washingtonienne. Il y en a, paraît il, une densité de 90 au mile carré (je vous laisse faire la conversion, un mile représentant 1,609 km, ça fait…. Beaucoup.) Plus gros que des gros chats, animaux nocturnes, ils trouvent largement de quoi se nourrir et s’abriter dans cette ville fort bien pourvue en forêts, en espaces verts et en jardins. Et le problème, c’est qu’à Washington, on n’a pas le droit de les tuer. Or, outre le fait qu'ils font du bruit et renversent les poubelles pour y chercher de quoi manger, ils sont porteurs de maladies, la rage, en particulier. Il faut donc les capturer, les conduire loin de la ville et les relâcher.
C’est là que Tim entre en scène.
Bien décidée à ne pas laisser ces hôtes envahissants perturber plus avant mes nuits, j’appelle un spécialiste de la spécialité. Un trappeur. Au téléphone, Tim me questionne. Les bruits, la nuit, ou le jour ? (les deux) Et les cris, comme ça ? (Tim imite très bien le cri du raton laveur) Conclusion du diagnostic à distance : j’ai une famille dans le plafond. Les bébés naissent aux alentours du 1er avril, c’est bien ma chance.
Le problème, c’est que Tim est débordé, justement parce que c’est la saison des naissances. Il arrive donc 4 jours plus tard, avec un petit camion et une échelle.
Sur sa carte, il est écrit : «piégeage et expulsion de ratons laveurs, d’écureuils, de serpents, de moufettes, de
chauve souris et d’opossums ».
Ca aurait donc pu être pire…Mon cas est finalement terriblement banal.
Une petite expédition sur le toit, une visite au grenier, et Tim redescend, triomphant. Il a reconstitué l’itinéraire par lequel les ratons laveurs arrivent jusqu’au nid. Entrée par une lucarne dans le grenier du voisin, un petit trou pour passer dans mon grenier à moi, un autre petit trou pour passer sous le toit. Il brandit alors une petite bouteille et m’annonce, triomphant, qu’il va verser de l’hormone de raton laveur mâle sur le parcours.
Vous ignorez sans doute, et moi aussi jusqu’à ce moment, que le mâle a tendance à manger les petits. L’idée, c’est donc de faire croire à la maman qu’un méchant mâle se promène dans le coin, afin qu’elle déménage nuitamment sa –nombreuse- famille (quatre à six petits, paraît-il).
La nuit suivante, la java continue.
Tim, qui prend tous les matins au téléphone des nouvelles de l’entreprise, est désolé.
La nuit d’après, ça repart de plus belle. Les petits grandissent, et gagnent en vigueur dans les cordes vocales, dirait-on. Je n’ai qu’une peur, c’est qu’ils prennent du poids aussi, et qu’ils finissent par traverser le plafond.
Tim revient.
Il tente encore une fois le coup de l’hormone mâle, mais me prévient. Le plan B, ce sera de capturer un mâle, de le mettre en cage et de le déposer –en cage- dans le grenier pour faire peur à la maman. Ben oui. Je n’y avais pas pensé, mais les petits sont trop petits pour partir tous seuls, et si on se contente de capturer la mère, ils seront condamnés à une mort lente, qui, en plus d’être atroce, sera bruyante et… nauséabonde.
Et le plan C ?
Il espère bien qu’on n’en arrivera pas là, mais si rien d’autre ne fonctionne, il faudra découper le plafond.
J’en parle un peu autour de moi, évidemment, et c’est là que je réalise que tous les voisins ont des histoires de ratons laveurs à raconter. Comme ceux-là, tiens, qui avaient un nid dans le coude d’une cheminée désaffectée. Les trappeurs ont eu l’idée de faire du feu pour les forcer à sortir, mais les bêtes, au lieu de partir par le haut de la cheminée, sont sortis vers le bas, et ont atterri, en feu, au milieu du salon.
LA nouvelle du jour : la nuit dernière a été totalement silencieuse. Pas un bruit, pas un sifflement, pas un raclement de griffes. Rien.
Maman raton laveur a vraisemblablement trouvé un autre refuge pour sa progéniture. Chez l’un de mes voisins, sans doute, mais ça, ça lui fait plutôt plaisir, à Tim. Pas de risque qu’il se retrouve au chômage.
Au fait : les jardins de la Maison Blanche aussi sont envahis de ratons laveurs.
Voilà. Ca se passe à Washington DC, capitale fédérale des Etats-Unis d’Amérique. Une ville où l’on croise parfois des biches, la nuit, sur les grandes avenues, à l’heure où les humains dorment.
L’autre nuit, j’ai failli me retrouver nez à nez avec un opossum sur le trottoir, devant chez moi.
Mais ça, c’est une autre histoire.
2 Comments
J'ai vécu à Washington pendant 6 mois (étudiant en programme d'échange en 2006) et ça me rappelle des souvenirs ce que vous dites: comme vous, j'avais croisé ce bestiaire exotique (moi qui suis un banlieusard du Val de Marne): 2 oppossums croisés pendant mon séjour (le soir en rentrant), un raton-laveur (encore un soir en rentrant) et puis une biche aussi...
Et puis, il y a bien sûr les squirrels (écureuils), les pigeons de DC.
salut DONA je suis senegalais et reside a DAKAR et votre histoire me fait penser a nos chats de goutiere et autre animaux errant qui pullulent dans nos villes africaine je ne pouvais immaginer que la capital federal de la premiere puissance mondial puisse connaitre ces desagrement .... mais bon courage avous